Victor HUGUES

Victor Hugues (1762-1826)

Le 6 janvier 1800, arrivée à Cayenne du Gouverneur Victor Hugues à bord de "la Sirène".
Il aura pour tâche de rétablir l'esclavage en Guyane alors qu'il avait été aux Antilles l'artisan efficace de la première abolition de l'esclavage.
Victor Hugues est porteur de passeports pour les déportés Bathélémy, Barbé Marbois et Laffon Ladebat, en exécution de l'arrêté du 17 janvier 1799.
Les autres déportés seront libérés plus tard en vertu de l'arrêté du 24 décembre 1799

Né à Marseille, embarqué comme mousse, à treize ans, aux cotés des corsaires, il participe à la guerre d'Amérique. Boulanger à Saint-Domingue puis imprimeur, dès 1789, Victor Hugues soutient la Révolution, tout en s'opposant aux revendications égalitaires des libres de couleur. Sous leur pression, il quitte l'île pour Paris où membre du club des jacobins et du comité du salut public, il est nommé, en 1793, accusateur public au tribunal révolutionnaire de Rochefort puis de Brest. La convention qui a aboli l'esclavage, le 4 février 1794, envoie une expédition vers les îles du Vent, sous la conduite de deux commissaires civils dont Victor Hugues. Après avoir chassé les anglais, il applique la politique d'abolition, extermine les opposants au régime. La lutte contre les anglais lui permet de mener une guerre de course, il accumule ainsi une importante fortune. En 1799, il est nommé agent du Directoire, puis gouverneur sous le Consulat, en Guyane où il rétablit l'esclavage. En 1810, déchu de ses fonctions, il est emprisonné à Paris pour avoir capitulé sans combattre.

De retour à Cayenne, aveugle, il décède le 11 août 1826 à l'âge de 64 ans.
Sa tombe de marbre est encore visible dans l'allée principale du Cimetière de Cayenne.


Victor Hugues, originaire de Marseille, écrit-il, est entre deux âges, d'une taille ordinaire et trapue; tout son ensemble est si expressif, que le meilleur de ses amis n'ose l'aborder sans effroi; sa figure laide et plombée exprime son âme, sa tête ronde est couverte de cheveux noirs et plats qui se hérissent comme les serpents des Euménides dans la colère qui est sa fièvre habituelle:ses grosses lèvres, siège de la mauvaise humeur, le dispensent de parler, son front sillonné de rides, élève ou abaisse ses sourcils bronzés sur ses yeux noirs, creux et tourbillonnants comme deux gouffres....Son caractère est un mélange incompréhensible de bien et de mal; il est brave et menteur à l'excès, cruel et sensible, politique, inconséquent et indiscret, téméraire et pusillanime, despote et rampant, ambitieux et fourbe, parfois loyal et simple; son coeur ne mûrit aucune affection; il porte tout à l'excès: quoique les impressions passent dans son âme avec la rapidité de la foudre, elles y laissent toute une empreinte marquée et terrible; il reconnaît le mérite lors même qu'il l'opprime : il dévore un esprit faible; il respecte, il craint un adversaire dangereux dont il triomphe. La vengeance lui fait bien des ennemis. Il se prévient facilement pour et contre, et revient de même. L'ambition, l'avarice, la soif du pouvoir ternissent ses vertus, dirigent ses penchants, s'identifient à son âme; il n'aime que l'or, veut de l'or, travaille pour et par l'or; (...)
Ces grandes passions sont soutenues par une ardeur infatigable, une activité sans relâche, par des vues éclairées, par des moyens toujours sûrs, quels qu'ils soient. Le crime et la vertu ne lui répugnent pas plus à employer l'un que l'autre, quoiqu'il en sache bien faire la différence. Crainte de lenteurs, il prend toujours avec connaissance de cause le premier moyen sûr que lui présente la fortune.Il s'honore de l'athéisme, qu'il ne professe qu'extérieurement. Au reste , il a un jugement sain, une mémoire sûre, un tact affiné par l'expérience: il est (...) administrateur sévère, juge équitable et éclairé quand il n'écoute que sa conscience et ses lumières. C'est un excellent homme dans les crises difficiles où il n'y a rien à ménager. Autant les Guadeloupéens et les Rochefortains lui reprochent d'abus de pouvoir et d'excès révolutionnaire que la bienséance et l'humanité répugnent retracer, autant les Anglais (j'en suis témoin) donnent d'éloges à sa tactique et à sa bravoure"



27/11/2008
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